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MAUX DE JE ET JEUX DE MOTS

yehouda72




Je n'a plus le goût à rien. Je est fatigué, découragé, déprimé, dépité. Son passé le harcèle, il craint pour son avenir. Il se trouve  bloqué dans ses aspirations. 


Dans le dédale de ses pensées et de ses sensations, Je veut sentir le Bien, alors que tout semble lui indiquer le contraire. Je essaye bien de s'en sortir, de combattre ses doutes, il reste cependant  partagé entre continuer et tout abandonner. Je voudrait bien faire, et Je n'y arrive pas. Pourtant, ce n'est pas faute d'essayer, Je fait des efforts, il prend sur lui, tente de résister aux courants qui semblent l'emporter. Je se parle sans arrêt, il tente de se raisonner.


Qui donc est Je ? Qui parle ? De quel lieu interpelle-t-il ? De sa place d'homme ou de femme ? De sa position de fils ou de  fille, ou bien  de celle de père ou de mère, ce Je qui se plaint, qui souffre, « avec ses joies, ses déchéances, ses forces et ses faiblesses propres,  sa capacité d'aimer et de haïr, de travailler et de jouer, son droit de réussir et d'échouer ... »


Comment se reconnait il dans ses identités multiples ? Je s'y retrouve et s'y perd. Il ne sait plus où donner de la tête.


Alors, Je rend responsable l'autre. De ses joies comme de ses peines. Il va même jusqu'à accuser le grand Autre de tous ses malheurs, d'avoir été absent aux  moments les plus cruciaux de sa vie....Mais, «  il ne suffit pas d'accabler la mère dépressive, le père absent, pas plus que de tenir responsable son sexe, sa propre race ou religion, ou celle de l'autre pour responsable de son mal de vivre.»


Comment le Je pourrait-il accepter d'être le metteur en scène de ses propres angoisses, de ses échecs renouvelés, de ses ''Up's and Downs'' répétés ? Le décor, les personnages et l'intrigue changent, mais rien ne change à la duperie que le Je s'impose. Utopie d'une vie  qui devrait se dérouler comme un long fleuve tranquille. Un bien être sans faille, un accomplissement sans nulle  déception.


Alors, Je continue de jouer de sa tristesse, de sa mélancolie, de ses angoisses phobiques, de ses colères incontrôlables, il y va de ses malheurs physiques, de ses accidents de route de la vie. Chaque Je détenant au fond de lui le secret envoûtant de ses propres créations venues du mauvais côté de son être. Je continue de paraître, encore et encore au lieu d'être. Masques grimaçants, déguisements effrayants, tant de choses qui non partagées par la parole avec un autre, à défaut d'être symbolisées reviennent diabolisées, « telles des âmes sans sépulture, hanter les vies humaines. »


Assumer d'être seul responsable de son monde psychologique et faire sa propre analyse, c'est faire ce retour incontournable vers son espace de re-co-naissance. Et alors, «  quand le Je aura réglé ses comptes avec les personnages aimés-haïs, désirés-rejetés qui l'habitent, les aura possédés au lieu d'être possédé par eux, quand enfin il aura fait l'inventaire de son héritage, il pourra prendre sa place sur le damier des générations. »


Telle est la moisson d'une analyse. Elle ne convient pas à tout le monde... 


Yehouda Guenassia

 

Yehouda Guenassia est psychothérapeute certifié en Gestalt Thérapie Analytique, il est affilié à l’Association of Humanistic Psychology.


Consultations en ligne: http://www.therapienligne.com

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