Les croyances sociétales exercent une influence aussi bien sur la physiologie que sur le comportement des individus. Nous sommes encore maintenant basés sur une perception du monde et sur des croyances philosophiques totalement désuètes, dont l’inanité a été maintes fois démontrée scientifiquement.
Cependant, comme maintes fois par le passé, à la révélation d’un nouveau paradigme venant ébranler les convictions établies, nous choisissons généralement de rester attachés à la vision périmée de l’univers que nous avons reçue en héritage. Lorsqu’au début du XVIème siècle, Copernic contrairement à la croyance populaire déclara que le soleil se trouvait au centre de l’univers, que la terre était ronde et qu’elle tournait autour, il fut accusé de blasphème et un siècle plus tard on obligeait encore Galilée à répudier cette théorie !
Pour nous aussi, un siècle s’est écoulé depuis qu’Albert Einstein a démontré mathématiquement que tout dans l’univers est constitué d’énergie et se trouve lié de manière inextricable, et cependant nous continuons de considérer le monde selon la physique de Newton, et les humains comme des pièces détachés d’un univers mécanique finalement sans âme, et sur lequel nos pensées, notre conscience ou notre inconscience n’auraient aucun effet.
L'ADN (acide désoxyribonucléique) est présent au cœur de toutes les cellules qui composent le vivant. Il renferme l'ensemble des informations nécessaires au bon développement et au fonctionnement harmonieux de la vie.
Support de l’hérédité, il constitue notre code génétique, notre génome, car il est transmis lors de la reproduction. Pour qu’une évolution soit possible, à travers une diversité de races et d’individus, cet ADN, doit pouvoir se modifier au cours du temps.
Depuis la mise en lumière au cours des années cinquante de sa structure, la communauté scientifique a considéré que notre évolution était le fruit du brassage des êtres et aussi de mutations résultant principalement d' ‘’erreurs d’aiguillages’’ au cours de la fabrication des cellules. Vision mécanique de l’humain dont nous sommes les héritiers, ADN oblige !
Nous ne manquons pas de données et d’informations, nous en faisons juste une fausse interprétation. Nous nous sommes donc fait à l’idée d’un certain déterminisme génétique fixe et immuable dons nous serions éventuellement les victimes.
L’interprétation erronée selon laquelle notre destin est inscrit dans nos gênes mène irrémédiablement à un sentiment bien connu d’impuissance et finalement d’irresponsabilité : « Je suis trop gros ? Je ne peux rien y faire! Tout le monde est gros dans ma famille, c’est génétique ! Redonne moi donc un peu plus de ce gâteau! ».
L’épigénétique (épi en grec signifie au dessus), que nous évoquions dans un précédent article, est une branche innovante de la science qui nous propose une nouvelle vision de la réalité, une compréhension totalement inédite sur le fonctionnement du monde. Il s'agit d'une véritable révolution, non plus copernicienne comme celle qu’avait initiée son auteur contre vents et marées à son époque, mais au moins aussi importante pour notre avenir.
Le nouveau paradigme, c’est que la vie est gouvernée par ‘’quelque chose’’ qui intervient au dessus des gênes.
Et le ‘’quelque chose’’ qui intervient par ce mécanisme épigénétique, c’est l’information de l’interprétation que nous faisons de tous les signaux environnementaux dont nous sommes littéralement bombardés au quotidien. Ces informations pensées, totalement subjectives, en pénétrant la membrane de la cellule, vont véritablement modifier la lecture des gênes, ce qui entrainera la fabrication de protéines saines ou… dysfonctionnelles, selon le cas.
Donc, au lieu de se percevoir comme victimes impuissantes des imperfections de nos gênes, nous sommes plutôt appelés à accepter, et à reconnaitre, que nos perceptions et nos réactions aux évènements de la vie façonnent notre biologie, notre comportement et ainsi tout ce qui en résulte.
C’est grâce à la conscience de soi que l’on peut être cocréateurs de sa propre vie, et cela, pas seulement en répondant aux stimuli environnementaux de manière mécanique, mais en s’engageant dans un processus de prise de décision.
Cependant aussi évoluée que puisse être la conscience de soi, la prise de décision ne lui incombe pas totalement, loin s’en faut. Notre psyché est aussi constituée d’une partie subconsciente qui est capable d’interpréter et de gérer plus de 40 millions d’impulsions nerveuses par seconde. En revanche, le cortex préfrontal responsable de la conscience de soi, ne parvient à traiter que 40 impulsions nerveuses par seconde…
Selon les neurosciences, 95% de nos émotions, décisions et donc comportements proviennent de notre ‘’activité’’ subconsciente !
Cela semble indiquer que notre destinée dépendrait d’habitudes façonnées, de conditionnements acquis à la suite des perceptions qui ont marquées notre existence et qui continuent de se manifester de manière inconsciente à notre insu.
Les premières perceptions de la vie sont les plus marquantes, elles laissent des empreintes plus profondes dans le subconscient. A l’âge de 6 ans tout est déjà bien conditionné par les programmes introjectés, ‘’avalés’’ auprès de nos proches qui eux-mêmes, soit dit en passant, ont pu fonder leurs croyances sur des perceptions tout à fait erronées, limitatives, voire autodestructives, elles aussi héritées de la génération précédente, et ainsi de suite…
De ces injonctions hypnotiques, nous en avons tous reçus en héritage, des bonnes et des moins bonnes. Chacun les siennes. De ces phrases assassines assénées régulièrement depuis la plus tendre enfance, enregistrées au niveau subconscient, au premier degré, et, qui continueront de résonner de façon inconsciente au cours de la vie :
- ‘’ Evidemment avec toi c’est toujours pareil, tu ne réussis jamais rien !’’ Ou encore : ‘’Dans la vie méfies toi, n’aies confiance en personne!’’
Même si l’esprit conscient a sincèrement envie de réussir, si quelque chose de l’ordre de ‘’ T’es vraiment un nul, un bon à rien !’’ a été engrammé, le programme conscient aussi bien pensé qu’il ait pu être, aura fort peu de chance d’aboutir, car le rapport des forces en présence est de 1 à 1 million en faveur de l’inconscient…
Certains auront toujours quelques difficultés à admettre que leur propre subconscient puisse se/leur mettre des bâtons dans les roues, ce serait reconnaitre qu’ils sont la cause de leurs propres déceptions. Ils préféreront de loin, continuer de croire dur comme fer qu’ils sont les victimes de forces extérieures à eux-mêmes, de rencontres malheureuses ou pourquoi pas du mauvais sort.
Malheureusement, être une victime devient rapidement un état d’être qui s’auto confirme et s’alimente au cours des rencontres de l’existence. Car si l’on se perçoit comme une victime, le cerveau n’aura de cesse d’exprimer cela dans la réalité, d’extérioriser dans la vie par des faits, cette vision erronée qu’il possède de son propre être.
Ces perspectives vont amener l’humanité à se penser d’une manière totalement différente, et nous rappellent, comme s’il en était besoin, notre propre place sur l’échiquier de la création, comme cocréateurs de notre vécu.
L’ensemble des perceptions et des croyances programmées dans l’esprit est au cœur de ce qui façonne l’existence.
Le pouvoir de ne pas être le jouet de nos forces profondes souterraines nous a été donné afin de nous déprendre du contenu de notre inconscient et donc de ses nombreux conditionnements.
Comment ? En se permettant justement une rencontre avec ses propres croyances subconscientes et non en les niant. Ce processus de re/co/naissance et de réunification de toutes les parties de l’être, s’amorce au cours de séances psychothérapeutiques.
Au-delà, cette quête de soi constitue un travail incontournable pour chacun d’entre nous, autant que pour celui qui veut s’extraire des répétitions désastreuses et favoriser ainsi un essor vers une évolution plus harmonieuse de son être.
Yehouda Guenassia
Yehouda Guenassia est psychothérapeute certifié en Gestalt Thérapie Analytique, il est affilié à l’Association of Humanistic Psychology.
Consultations en ligne: www.therapienligne.com
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